Quand une personne fait face à une épreuve de vie, elle développe une certaine expérience, des savoir-être et des savoir-faire. Avec le temps et le recul nécessaires, elle peut avoir envie de transmettre cela dans une démarche de pair aidance. Elle s’appuiera alors sur son savoir expérientiel pour aider d’autres personnes vivant une situation comparable.
De quoi parle-t-on exactement ? En quoi la pair aidance consiste ? Quels sont ses bénéfices dans le cadre du travail et quels points de vigilance retenir ?
On vous en dit plus !
Un peu d’histoire pour mieux comprendre le sujet
En France, la pair aidance s’est d’abord développée dans le champ de la santé mentale et trouve ses racines à la fin du XVIIIe siècle à l’hôpital Bicêtre avec Jean-Baptiste Pussin. Atteint de la tuberculose et jugé incurable, il lui est permis de rester dans l’établissement où il décide de s’impliquer et devient alors surveillant dans le service des « aliénés agités ». Dès lors, il accompagne chaque jour les patients et fort de son expérience fait part de ses notes et observations aux médecins. Philippe Pinel, alors médecin à l’hôpital Bicêtre, s’inspire de ces notes pour rédiger son Traité médico-psychologique sur l’aliénation mentale. L’observation du patient, conjointe à l’accompagnement du pair devient pour le Dr Pinel une approche privilégiée dans le traitement.
Ensuite, le terme de « soutien par les pairs » refait surface dans les années 1930 avec le développement d’associations de malades telles que les Alcooliques anonymes. [1]
Depuis quelques années, la pair aidance se développe et tend à se professionnaliser, toujours principalement dans le milieu médical et associatif.
En 2010, un diplôme de patient partenaire est créé à l’université de la Sorbonne. Ces pairs aidants deviennent des acteurs de plus en plus présents dans le système de Santé.
En 2022, le gouvernement a voté la mise en place d’une VAE pour les proches aidants (expérimentation en cours) afin de reconnaître officiellement les compétences issues de leur expérience.
La pair aidance pour mieux concilier santé et travail
25% des actifs seraient touchés par une maladie chronique d’ici 2025 [2] et 1 salarié sur 5 est un proche aidant ! [3] Au sein d’une entreprise, de nombreuses personnes ont donc appris à gérer l’annonce de leur maladie ou de celle d’un proche, la conciliation entre parcours de soin et vie professionnelle, le retour au travail après un long arrêt, les conséquences souvent invisibles de la maladie, son rôle de proche aidant…
En entreprise, favoriser les échanges avec des personnes qui vivent une expérience équivalente, ou l’ont vécue par le passé, peut alors être d’une grande aide.
La pair aidance peut alors devenir une ressource, une manière d’être en relation, fondée sur l’entraide, le soutien (sans lien hiérarchique ni organisationnel) qui permet de :
compléter les dispositifs existants et enrichir les pratiques
renforcer le soutien en instaurant plus de proximité et plus de confiance
valoriser le savoir expérientiel des personnes concernées
Magali nous confie dans son témoignage « À la suite de mes traitements j’ai souhaité donner du sens à mon vécu et m’investir auprès de personnes touchées par la maladie. »
Pour Pauline « Je souhaite déconstruire les préjugés autour de la maladie, du handicap, accompagner les malades pour leur prouver qu’on peut concilier les deux, et faire changer les mentalités au sein des entreprises. »
Les bénéfices pour les collaborateurs
Cela permet une rencontre sincère entre personnes qui s'identifient mutuellement comme des pairs et donc une meilleure acceptation de l'aide, perçue comme légitime.
La pair aidance au travail est un facteur de solidarité, d’émancipation et de confiance en soi. Elle permet le partage d’énergie, de bonnes pratiques et d’expériences pour éviter l’isolement et permet d’ouvrir de nouvelles perspectives.
Pour Marion
« La maladie est une phase de vie très déstabilisante et si la relation avec son travail/entreprise/équipe est sereine, c’est déjà une bataille de gagnée dans le long combat qu’est la maladie. »
Les bénéfices pour l’entreprise
La pair aidance permet de créer un environnement de travail plus inclusif et collaboratif. Elle permet d’améliorer la situation des personnes en situation de fragilité au sein de l’organisation et d’éviter leur stigmatisation.
C’est aussi un levier d’optimisation du management en faisant progresser l’entreprise sur le sujet via les savoirs expérientiels.
En favorisant l'émergence de nouvelles interactions et solidarités, l'organisation engendre des dynamiques qui encouragent de nouvelles manières de valoriser et de responsabiliser les individus, susceptibles de susciter un plus grand engagement de la part de tous.
Les clés essentielles à retenir
La pair aidance est une ressource qui vient compléter et enrichir les dispositifs existants. Elle ne remplace en aucun cas les professionnels que sont les médecins ou les infirmiers du travail, les assistants de service social, les psychologues, les RH et les référents handicap.
Tout le monde ne peut pas devenir pair aidant : il faut avoir le recul nécessaire et les compétences adéquates pour endosser ce rôle.
Un accompagnement spécifique est donc indispensable pour éviter toute dérive ou difficulté, pour la personne aidée mais aussi pour le pair aidant lui-même.
Pour cela, l’équipe Wecare@work vous propose un accompagnement complet, forte de son expérience de la pair aidance au travail depuis près de 10 ans puisque nous sommes 100% alignés ;)
Pour en savoir plus, parlons-en !
Vous êtes pair aidant ou vous avez été aidé par un pair ? Vous souhaitez témoigner de votre expérience ? Contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit).
Sources :
[1] gouvernement.fr : « DÉVELOPPER LE TRAVAIL PAIR DANS LE CHAMP DE LA VEILLE SOCIALE, DE L’HÉBERGEMENT ET DU LOGEMENT », 2018.
Audition du professeur M. Alain GRIMFELD Président du Comité de la prévention et de la précaution (CCP), Président d'honneur du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), auditionné par la Section des affaires sociales et de la santé du CESE dans le cadre de la saisine "Les maladies chroniques"
Crédit photo : freepik
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