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Sportifs professionnels : lever le tabou du handicap

Dernière mise à jour : 7 août


Dans le monde du sport professionnel, la performance et la perfection sont souvent mises en avant. Les athlètes sont perçus comme des modèles de force, de détermination et d'endurance, incarnant l'excellence physique et mentale. Pourtant, derrière les records, peuvent se cacher des réalités ignorées. Certains sportifs professionnels vivent avec des handicaps, pour certains invisibles, qu'ils sont contraints de dissimuler pour ne pas compromettre leur carrière.


Ces handicaps peuvent prendre diverses formes, telles que des blessures chroniques, des troubles psychiques, des maladies chroniques... Malgré leur impact significatif sur la vie quotidienne et la performance sportive, ces handicaps sont souvent tus, car les athlètes craignent les préjugés et les discriminations qui pourraient en découler. 


Le handicap, qu'il soit visible ou non, peut alors devenir un sujet tabou dans ce contexte. Les sportifs redoutent d'être perçus comme moins compétitifs ou moins capables, ce qui pourrait mettre en péril leurs opportunités professionnelles. Ce silence peut alors entraîner de nombreuses conséquences, notamment physiques :

« Une fois dans le monde du handball professionnel, j'étais dans le déni de mon handicap et je n'y pensais pas. Pendant toute ma carrière, j'ai essayé de faire les exercices comme tout le monde, tels que les pompes, le développé couché et le gainage, en compensant énormément avec mon côté gauche. En compensant ainsi, j'ai aggravé ma situation. Aujourd'hui, je souffre de nombreuses séquelles avec des douleurs chroniques au genou, à la cheville, au coude et à l'épaule gauche. » partage Simone

Simone a été une handballeuse professionnelle en France et à l’international. Née avec un handicap au niveau du bras, elle s’est toujours refusée à parler de son handicap et des défis qui en découlaient dans son métier d’athlète. Aujourd’hui, elle a levé le voile sur son handicap et souhaite briser le silence sur ce sujet dans le monde sportif, afin de libérer la parole. Nous sommes heureux de vous proposer son témoignage.


Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre handicap en quelques mots ? 

Simone durant un match de handball

Je suis Simone, j'ai 31 ans. J’ai été handballeuse professionnelle. J'ai joué dans plusieurs clubs français, d’abord en Île-de-France, et également à l'étranger. J'étais internationale française jeune et en senior, j'ai disputé un championnat du monde avec la République démocratique du Congo. 


À 25 ans, j'ai dû mettre un terme à ma carrière en raison de problèmes de santé. Ce n'est que deux ans plus tard que j'ai révélé mon handicap. Le jour de ma naissance, le 15 mars 1993, j'ai été victime d'un accident médical qui a entraîné une paralysie obstétricale du plexus brachial droit. Cela a laissé des séquelles, notamment une rotation externe de 60° à gauche et seulement -5° à droite, ce qui est handicapant au quotidien. Bien que je fasse de la rééducation, rien n’y fait. À l'âge de 7 ans, j'ai subi une intervention chirurgicale afin de retrouver une bonne rotation mais malgré cela, je conserve un déficit fonctionnel au niveau du bras droit et je dois aborder la vie avec ce handicap. 


Comment avez-vous concilié votre handicap et votre travail de handballeuse professionnelle ? 


Au début, je ne ressentais pas vraiment ma différence. Ce n'est que lorsque j'ai atteint le haut niveau que je vais ressentir mon handicap, car je voyais que je n'arrivais pas à exécuter les exercices de musculation demandés sur le haut du corps. Je développais une sorte de phobie pour la préparation physique, car je savais que j'aurais du mal à les exécuter. Une fois dans le monde du handball professionnel, j'étais dans le déni de mon handicap et je n'y pensais pas. 

Pendant toute ma carrière, j'ai essayé de faire les exercices comme tout le monde, tels que les pompes, le développé couché et le gainage, en compensant énormément avec mon côté gauche. En compensant ainsi, j'ai aggravé ma situation. Aujourd'hui, je souffre de nombreuses séquelles avec des douleurs chroniques au genou, à la cheville, au coude et à l'épaule gauche. Toute ma carrière. Je me suis toujours blessée sur le côté gauche. 


Quelles difficultés rencontrez-vous ? Qu'est-ce qui vous qui vous aide ?


J'ai réalisé que je n'atteindrais pas les 30 ans en tant que handballeuse professionnelle et que j'allais devoir arrêter bien avant mes coéquipières. Je me suis donc concentrée sur mes études pour avoir un bagage solide, même si je ne savais pas exactement où cela me mènerait. 


À l'origine, je pensais m'arrêter au bac et me consacrer uniquement au sport. Cependant, j'ai découvert le monde de la photographie, qui est devenue une véritable passion durant ma carrière. Repérée par une photographe lors de mes études sportives pour une exposition sur les athlètes de haut niveau, ce travail de modèle photo devient une échappatoire. Avec le recul, je me dis que c'est une chance que cette photographe soit tombée sur moi. Cela m'a permis de dépasser mes complexes liés à mon handicap physique discret et de me sentir plus assurée tout au long de ces années.


Pourquoi avoir gardé le silence sur votre handicap ?


Tout le monde savait que j’avais un problème au bras, notamment parce que ma course était différente et mon bras toujours remonté vers mon ventre. Pourtant, je n’ai jamais parlé de handicap et cela change tout. Je ne voulais pas qu'on me présente en disant : voici Simone Thiero, elle est handicapée. 


On sait très bien comment ça se passe dans ce monde. Pour moi, le mot « handicap » freine beaucoup et on aurait pu remettre ma progression en cause assez rapidement dans mon métier. Je ne voulais pas qu’on me colle une étiquette, j'ai donc décidé de ne pas utiliser ce mot. Les entraîneurs ne m'ont jamais demandé ce que j’avais : quels étaient mes antécédents ? Comment je me sentais ? Pourquoi je ne pouvais pas faire tel ou tel exercice de musculation ? Aucun d’entre eux n’a cherché à savoir. Maintenant que je suis sortie du silence, j'ai pu avoir des témoignages de personnes qui ont exactement la même pathologie que moi et ils me confirment qu'on leur a fermé les portes du haut niveau.


Vous avez écrit un livre témoignage L’image du sportif parfait Pourquoi ? Pouvez-vous nous en parler ?


Je recevais beaucoup de questions sur mon parcours, aussi bien concernant le sport en général que le handicap. J'ai donc décidé d'écrire ce livre pour y répondre. J'y aborde divers sujets, notamment mon accident médical, ma carrière, et la santé mentale des sportifs de haut niveau. Je parle également de sujets tabous comme les salaires et le traitement dans certains clubs. J'ai recueilli des témoignages de sportifs non handicapés dont les blessures répétées ont fini par entraîner une situation invalidante.




J'ai voulu prendre la parole parce qu'on la donne toujours aux mêmes athlètes, aux grands médaillés qui tiennent des discours similaires. Pourtant, de nombreux sportifs excellents n'ont jamais gagné de médailles et ont aussi des choses à dire. Avec ce livre, je m'exprime pour eux aussi. Écrire ce livre a été une thérapie pour moi, et les retours positifs montrent que cela a été efficace. Je me sens enfin écoutée et comprise, ce qui n'était pas le cas lorsque je parlais à l'oral, où les gens n'avaient pas le temps de m'écouter ou pensaient toujours mieux savoir en me coupant la parole. Avec l'écriture, les gens doivent lire jusqu'au bout, ce qui empêche les interruptions et leur permet de mieux comprendre pourquoi parler de sport de haut niveau peut être un sujet sensible pour moi.


Si vous aviez 1 conseil ou bonne pratique à partager avec un sportif ou une sportive professionnel•le touché•e par un handicap ou une maladie ?


Le handisport progresse petit à petit. Je pense que lorsqu'on a une maladie ou un handicap, il faut en parler. Aujourd’hui, cela ne ferme pas toujours des portes. Je ferai tout pour que les générations futures n'aient pas à cacher leur handicap pour avancer comme j'ai dû le faire. En sensibilisant un maximum de sportifs engagés, nous pouvons faire bouger les lignes ensemble.


J'espère que des équipes pour le handicap invisible seront créées dans un futur proche, car il n'y a encore rien de concret, surtout dans les sports collectifs. Le handicap invisible représente 80 % des situations de handicap. Tout le monde devrait se sentir concerné, car personne n'est à l'abri d'une maladie ou d'un accident. En effet, un handicap sur deux survient au cours de la vie d'une personne !


Merci Simone pour votre témoignage.


Vous aussi vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie ou du handicap au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.


Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit) ou par mail alloalex@wecareatwork.com


 

Crédit photo : 1/ Tous droits réservés, 2/ David Chofardet




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