« Accepter qu’il faille du temps pour guérir et donc donner ce temps, ne pas mettre d’emblée de la pression au retour du collaborateur, l’accueillir sincèrement et accompagner sa reprise pas à pas. »
Coach et formatrice en management, Valérie est soudainement atteinte d’un syndrome cardiovasculaire en novembre 2020. Depuis, elle a appris à concilier sa maladie chronique avec son travail. Elle vient de rejoindre l’équipe de Wecare@Work en tant que consultante partenaire et met désormais son expérience et son expertise au service des entreprises clientes de Wecare@work.
Peux-tu te présenter en quelques mots?
Je m’appelle Valérie Le Gall. J’ai une expérience de plus de vingt ans dans l’accompagnement individuel et collectif. Depuis 2015, je suis coach professionnel. J’interviens également en entreprise en tant que formatrice pour accompagner les managers dans le développement de leur posture. Je me spécialise par ailleurs depuis 2018 dans l’approche neurocognitive et comportementale issue entre autres des recherches en neurosciences.
En 2019, j’ai lancé mon activité en tant qu’indépendante. Fin novembre 2020, j’ai eu très peur. J’ai subi un syndrome coronarien aigu (ce qui correspond à un début d’infarctus). J’ai eu la chance d’être bien prise en charge par le corps médical. La spécificité des maladies en lien avec le cœur donne souvent une sensation de mort imminente, c’est ce que j’ai personnellement ressenti.
Cette expérience de vie a été forte et délicate émotionnellement dans un premier temps. J’étais tellement perturbée que 15 jours après être sortie de ma première hospitalisation, je me suis à nouveau retrouvée aux urgences cardiologiques. J’ai cru à un nouveau problème cardiovasculaire. C’était une crise d’angoisse. J’ai alors eu la chance de rencontrer la cheffe de service de garde ce jour-là. Elle a été profondément humaine et à l’écoute, me disant que je ne dérangerais jamais les urgences et que je ne devais pas hésiter à appeler dès que j’aurais un doute. Cette parole m’a beaucoup aidée et déculpabilisée. Je ne suis, à ce jour, pas retournée aux urgences.
Au bout de quelques semaines, j’ai réalisé ma chance. J’étais juste heureuse d’être en vie, je ressentais une grande plénitude. J’ai accepté ma nouvelle réalité ce qui m’a permis d’avancer et d’apprendre à gérer cette maladie chronique. J’ai alors découvert que les maladies cardiovasculaires sont la 1re cause de décès chez la femme en France et que les femmes jeunes sont de plus en plus concernées.
J’ai aussi pris conscience que la maladie reste encore un sujet tabou. Elle nous met en lien avec notre fragilité d’humain et notre finitude. De fait, certaines personnes n’osent prendre des nouvelles, d’autres vous considèrent moins apte à intervenir, d’autres encore portent un regard culpabilisant sur la maladie… J’ai cependant été très bien entourée. Du côté professionnel, je me suis par moments sentie un peu seule. Cette expérience a généré chez moi le souhait de travailler davantage en équipe autour d’un nouveau projet porteur de sens. J’ai recherché de l’information par rapport aux maladies cardiovasculaires et les incidences sur le travail. J’ai trouvé des réponses pour le cancer et les burn out. Je me suis dit qu’il y avait peut-être un besoin d’accompagnement pour réintégrer la vie professionnelle après une telle expérience.
J’ai rencontré Véronique Delestre. J’ai tout de suite été séduite par sa personnalité et son histoire de vie. Cela m’a donné envie d’approfondir le sujet : « Réconcilier santé et travail » et rejoindre l’équipe Wecare@work. Il y a de réels enjeux pour les entreprises et la société en général à favoriser l’inclusion des salariés ayant vécu un problème de santé.
Aujourd’hui, en parallèle de mon activité initiale, je suis très heureuse de m’engager auprès de Wecare@work, en tant que partenaire. Cela a beaucoup de sens de pouvoir concilier mon expérience professionnelle de l’accompagnement individuel et collectif et mon expérience de la maladie chronique. Je découvre en ce moment les membres de l’équipe et j’y rencontre de belles personnes très positives et pleines d’envies et d’énergie.
Je souhaite pouvoir apporter aux entreprises et aux salariés un autre regard sur la vie pro après la maladie. Ça me parait important de libérer la parole, d’accompagner la réflexion sur les préjugés, les peurs, de faire évoluer les représentations, favoriser des postures plus adaptées lors de formations, réaliser du coaching et soutenir les nouveaux projets professionnels via la conduite de bilans de compétences.
Qu'est-ce qui t’as poussée à rejoindre l'équipe de consultants Wecare@work ?
Aujourd’hui, en parallèle de mon activité initiale, je suis très heureuse de m’engager auprès de Wecare@work, en tant que partenaire. Cela a beaucoup de sens de pouvoir concilier mon expérience professionnelle de l’accompagnement individuel et collectif et mon expérience de la maladie chronique.
Quelles compétences souhaites-tu mettre à disposition des clients de Wecare@work ?
Je souhaite pouvoir apporter aux entreprises et aux salariés un autre regard sur la vie pro après la maladie, accompagner la réflexion sur les préjugés, les peurs, favoriser des postures plus adaptées lors de formations, coaching et soutenir les nouveaux projets professionnels via la conduite de bilans de compétences.
Quels seraient tes conseils pour mieux concilier maladie et travail ?
Ne pas craindre la maladie que vit le salarié, faire preuve d’empathie sans tomber dans la compassion, accepter qu’il faille du temps pour guérir et donc donner ce temps, ne pas mettre d’emblée de la pression au retour du collaborateur, l’accueillir sincèrement et accompagner sa reprise pas à pas. Enfin, accepter que le regard du collaborateur évolue sur le monde du travail et donc accueillir ce qu’il peut apporter de nouveau à l’entreprise.
Quel intérêt pour les entreprises à mieux concilier maladie et travail ?
Je pense que c’est essentiel pour les entreprises de prendre conscience que la fragilité du moment peut impacter le collaborateur de façon constructive. De fait, l’entreprise peut aussi bénéficier de cet enrichissement. Quand le collaborateur reprend son activité, il réactive ses compétences. Il revient avec ses savoir-faire et savoirs et surtout il s’est enrichi de nouvelles compétences humaines, les fameuses soft skills : du recul sur la vie et le quotidien, de la persévérance, davantage de patience, une capacité d’adaptation élargie, un nouveau regard sur la vie … une meilleure connaissance de soi. Cela peut avoir un effet positif auprès des collègues. Je pense aussi qu’une entreprise qui respecte ses collaborateurs en prenant soin des anciens patients qui reprennent leur travail est un signal positif pour les autres salariés. Ils savent alors que s’ils tombent malades, ils seront respectés à leur tour. Enfin de façon plus pragmatique, beaucoup d’employeurs se plaignent d’avoir des problèmes de recrutement. Alors, c’est important de réintégrer les personnes guéries car elles sont pleines de talents et d’envies. Et le travail fait partie du processus de guérison sur le long terme.
Tu pourras dire que tu as réussi si … ?
Les entreprises développent une posture inclusive et prennent de la hauteur sur le travail après la maladie. Je pense par ailleurs que mon expérience professionnelle et de la maladie peut aider les collaborateurs et collaboratrices concernés à vivre une nouvelle expérience dans le monde du travail. Ce serait chouette que la maladie au travail ne soit plus un sujet tabou.
Quelque chose de plus à nous partager ? Une passion ? Une citation ? Une œuvre ?
J’aime la citation suivante de Marguerite Yourcenar « Tous nous serions transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes ». C’est un chemin possible à condition de sortir de nos peurs irrationnelles, nos certitudes, nos croyances limitantes et nos préjugés … Nous nous enfermons parfois dans un rôle qui ne nous correspond pas vraiment ou plus du tout, alors oser être soi est un vrai défi et une opportunité pour vivre mieux et aligné. C’est souvent le chemin qu'empruntent les personnes qui ont vécu un gros problème de santé, elles prennent conscience de la fragilité de la vie et qu’il faut donc la chérir au quotidien en n’oubliant pas l’essentiel. Mais bien heureusement, il n’est pas nécessaire de vivre de grosses difficultés pour décider de se développer personnellement afin d’être davantage en lien avec sa nature profonde et les autres.
Merci Valérie pour ton témoignage.
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous guider ! Pour rappel, le service est joignable par tous (salariés, managers, dirigeants…) du lundi au vendredi de 9h à 17h au 0800 400 310 (appel gratuit).
En tant que dirigeant ou manager : vous pouvez accompagner vos équipes pour mieux concilier maladie et travail. Vous pouvez vous faire aider de la médecine du travail, des ressources humaines et de l’équipe Wecare@work. Nous pouvons vous proposer des outils sur-mesure pour l’ensemble de vos salariés qu’ils soient en situation de maladie chronique, de handicap, ou aidants. Nos consultantes coach et psychologue, spécialisées sur la question de la maladie au travail, proposent aux employés ou managers un suivi personnalisé, de proximité. Pour en savoir plus, contactez-nous : bonjour@wecareatwork.com
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