Sophie est contractuelle dans la fonction publique. Après un premier arrêt, une reprise à temps partiel thérapeutique d’un an, elle a dû s’arrêter à nouveau. Aujourd’hui elle souhaite reprendre le travail. Un parcours pas toujours simple, malgré l’envie et les ressources à disposition. Elle a pu être accompagnée par l’assistante sociale de sa caisse primaire d’assurance maladie. Elle nous raconte son parcours et nous fait part de ce qui l’aide au quotidien.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre expérience de vie de la maladie en quelques mots ?
Je suis Sophie, je suis atteinte d’un cancer du poumon traité par thérapie ciblée depuis seize mois, que l’on peut qualifier de maladie chronique étant donné que j’aurai un traitement à vie. Je n’ai jamais fumé, je suis sportive, j’ai toujours fait attention à mon alimentation.
Comment se passe le retour au travail ?
J’ai le sentiment de ne pas avoir été bien préparée à la reprise de ma vie professionnelle. En effet, après trois mois d’arrêt maladie suite à l’annonce de mon cancer, le traitement étant efficace, j’ai repris le travail à mi-temps thérapeutique.
Un an après, alors que j’avais fait toutes les démarches auprès du médecin du travail pour reprendre à temps plein, ma cadre, une semaine avant, m’a convoquée pour me faire comprendre que je n’étais pas en état de le faire. Elle a mis le doigt sur ma vulnérabilité. Je me suis sentie stigmatisée et je suis depuis janvier de nouveau en arrêt maladie. J’ai un suivi psychologique. J’ai cherché les informations sur mes droits par moi-même et me suis rendue compte que c’est un véritable parcours du combattant
Les connaissances que j’avais, à l’époque, confirmées par mon médecin du travail, étaient que je n’avais droit qu’à un an de mi-temps thérapeutique en tout. Après, je devais reprendre mon travail à temps plein, comme si mon cancer n’était plus là, alors que les effets secondaires du traitement pris quotidiennement m’handicapent (troubles cognitifs, notamment) ! En fait, il y avait un manque de connaissances de la part des services des droits des contractuels par rapport à ceux des fonctionnaires. J’ai cherché les informations par moi-même et l’assistante sociale de la CPAM m’a vraiment guidée.
Je suis en arrêt depuis le mois de janvier, en contact avec l’assistante sociale de mon employeur mais les démarches administratives du retour prennent du temps.
Qu’est-ce qui vous aide ?
Je réfléchis de plus en plus à un plan B. J’ai commencé un coaching emploi avec une psychologue du travail d’une association. Je me suis également inscrite au job dating de Cancer@work en juin qui a été pour moi une très belle aventure humaine. Il m’a offert un temps précieux d’écoute, de partage d’expériences, d’humanisme.
Pour remédier à mes troubles cognitifs, je me suis inscrite sur la plateforme des ateliers en ligne de remédiation cognitive du site On Cogite. J’en ai fait quelques-uns. Je les apprécie beaucoup. (1h30 par semaine) À ma première reprise, je n’étais pas accompagnée, je n’avais pas connaissance de la prise en charge des troubles cognitifs : concentration, mémoire, lenteur… J’étais vite dispersée… Quand quelqu’un me parlait, je n’arrivais pas à me concentrer... Cela peut être dû au cancer, au stress post-traumatique de la maladie, aux traitements. En fait, ces troubles ont des origines multifactorielles. La pandémie avec les tensions dans les services n’a pas aidé non plus.
J’ai également fait une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
Les rencontres sont importantes quand on traverse la maladie. Mon séjour avec des personnes atteintes de cancer à Passage en Vercors et les rencontres que j’ai pu faire avec Mon réseau cancer du poumon m’aident beaucoup.
Je fais encore davantage attention à mon alimentation.
Enfin, ma famille et mes amis m’apportent un soutien indéfectible. C’est un atout précieux, qui n’a pas de prix !
De quoi auriez-vous aimé bénéficier ?
J’ai l’impression d’avoir une double peine : non seulement je suis atteinte d’un cancer, mais en plus, le monde professionnel me laisse de côté. Ma cadre avait raison sur le fond du problème, mais la forme a été très violente pour moi.
J’aurais aimé avoir plus d’informations sur mes droits de la part de mon employeur. On aurait dû réfléchir dès ma reprise à mi-temps thérapeutique à un aménagement de poste.
Depuis, j’ai eu un entretien avec l’assistante sociale de mon employeur qui a été à mon écoute, puis avec une assistante sociale de la CRAMIF qui m’a conseillée de faire une demande de RQTH par procédure diligentée (simplifiée). J’ai donc pris rendez-vous avec le médecin du travail qui a rempli le volet médical de ce dossier. J’ai tout envoyé à la MDPH de mon département.
J’attends toujours un retour de l’assistante sociale de mon employeur qui devait se rapprocher de ma cadre pour discuter d’un éventuel aménagement de poste me concernant.
Si vous aviez 1 seul conseil ou bonne pratique à partager pour mieux concilier maladie et travail, lequel serait-ce ?
De plus en plus de gens vont certainement souffrir de maladies chroniques. La société ne doit pas leur infliger une double peine en n’entreprenant pas les démarches nécessaires pour leur intégration dans le monde professionnel !
Merci Sophie pour votre témoignage,
Vous aussi vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail,
contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit).
Crédit photo : Canva
コメント